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Portrait de Nicolas Martin Saint-Léon, homme HPI

Interview HPI #36 | Nicolas Martin Saint-Léon

L’interview ‘Ma douance du tac au tac’ interroge des surdoué·es sur leur rapport à la et à leur douance dans l’objectif de démystifier, d’inspirer et de cheminer avec le Haut Potentiel Intellectuel.

Aujourd’hui, Nicolas Martin Saint-Léon nous livre sa vision de la douance par le biais de “Ma douance du tac au tac”. Merci Nicolas ! Il est directeur marketing dans une société industrielle. Il vit actuellement à Paris.

.SI JE POUVAIS CHOISIR, SERAIS-JE SURDOUÉ·E? 

Sans hésiter. En fait, c’est tellement constitutif de ce que je suis que je ne m’imagine pas autrement.

.CE QUE C’EST ÊTRE SURDOUÉ·E POUR MOI

Être plus rapide, plus attentif aux significations et connections des choses. Être aussi plus précis, jusqu’à l’obsession parfois. Ne pas supporter les raisonnements bancals ou malhonnêtes. Penser que les premiers ennemis d’une pensée « juste », ce sont nos propres biais cognitifs. Penser que si les gens s’arrêtaient 2 secondes et utilisaient leur cerveau, le monde serait moins pourri… et que ça me rende parfois malade dès le matin. Être capable d’ingurgiter des masses d’info et de les synthétiser en 2 phrases… Être capable de regarder les micro-détails et l’ensemble en même temps. De penser que tout est effet et causalité… et que nous sommes un grand tout même si nous sommes uniques…

.SI JE DEVAIS CHOISIR UNE IMAGE OU UN MOT CLÉ QUI RÉSUME CE QUE C’EST ÊTRE SURDOUÉ·E

La douance, c’est la taille du « moteur » mental et ses performances. Plus de reprise, plus de couple, plus de vitesse, plus d’agilité… Cela ne présume pas cependant de si on sait conduire le véhicule, si on est un « conducteur » sympa, ou si on a un bon GPS, ou même si on la moindre idée d’où on va. Et comme on a moteur plus puissant, on a aussi potentiellement des accidents plus graves, et on laisse parfois les autres dans la poussière de nos roues…

.DEPUIS COMBIEN DE TEMPS JE LE SAIS 

Intuition depuis mes 15 ans… et j’ai passé le test de Mensa à 30 ans, il y a donc… 23 ans.

Je savais que je n’étais pas bête étant passé par une grande prépa parisienne, mais je ne faisais pas non plus des étincelles. Mais à 21 ans j’avais passé un test type GMAT (Graduate Management Admission Test) pour entrer dans une grande école de commerce après mon école d’ingénieur… et j’avais appris dans l’année que j’étais dans les quelques premiers sur plusieurs centaines de gens à priori pas manchots non plus… ça m’a mis la puce à l’oreille…

.PAR QUELLES PHASES JE SUIS PASSÉ DEPUIS LA DÉCOUVERTE 

Aucune particulière. Cela venait juste confirmer ce que je pensais savoir. J’ai fait quelques réunions Mensa, mais je n’y voyais aucun intérêt. Je n’ai jamais aimé l’entre-soi… Il m’a cependant fallu du temps pour en parler à d’autres personnes qu’à ma femme. J’ai même fait mon « coming-out » au boulot récemment, car je m’engage dans un réseau d’employés sur les différences cognitives. Avant, il n’y avait aucune raison.

.COMMENT JE L’EXPLIQUE À UNE PERSONNE QUI N’EN A JAMAIS ENTENDU PARLER

Y’a des gens qui marchent, des gens qui font du footing, et des gens qui courent le 100 mètres en moins de 12 secondes… ce n’est pas juste de l’entrainement, c’est avant tout un talent. Et bien pour l’intelligence, c’est pareil. C’est un talent parmi tant d’autres. Et de la même manière que pas grand monde ne comprend ce que c’est d’être un champion de sport (voir les problèmes de Naomi Osaka ou Simone Biles), idem pour les surdoués, car en plus de l’« intelligence », un certain nombre d’autres phénomènes semblent aller avec. Plus grande sensibilité, sensitivité, etc… qui ne sont justement pas facile à expliquer et parfois à vivre.

.CE QUE JE M’AUTORISE DEPUIS

Peut-être un peu plus d’assertivité dans certains cas, et un plus d’humilité dans d’autres… ne pas tomber dans le Dunning Kruger… (Wikipédia : L’effet Dunning-Kruger, aussi appelé effet de sur confiance, est un biais cognitif sans consensus scientifique par lequel les moins qualifiés dans un domaine pourraient surestimer leur compétence.)

.CE QUI M’ÉNERVE DANS LA DOUANCE 

Le fait que le cerveau n’est jamais en repos. D’être dans un raisonnement divergent et fractal en permanence et de parfois « perdre » les autres, ou partir « mentalement » d’une conversation trop lente pour parler avec moi-même… Ma femme me dit souvent « t’étais parti où encore ? »

.CE QUE J’AIMERAIS METTRE EN AVANT DE LA DOUANCE 

Contrairement à ce qu’on voit dans les médias (sur-représentation des « malheureux »), je trouve la douance super cool… elle est corrélée avec tout un tas de choses positives dans la vie… (études, espérance de vie, etc… voir conférence de Frank Ramus). J’ai bien conscience que certains ont des problèmes (QI hétérogène, etc…) ou d’autres troubles… mais j’ai l’impression que parfois on met sur la douance des troubles qui sont indépendants, ou simplement « amplifiés » par la douance, mais dont celle-ci n’est pas la cause.

.CE QUI EST LE PLUS DIFFICILE PERSONNELLEMENT 

 Parfois avoir envie d’accélérer les gens comme j’accélère les podcasts (x2). Je déteste quand j’ai ce sentiment avec des gens qui j’aime. Ou quand les autres ne voient pas ce que je vois (les liens entre les choses, etc.), c’est super frustrant.

.CE QUE J’ADORE PERSONNELLEMENT

 M’intéresser à tout ou presque et de pouvoir rapidement avoir un niveau décent dans un sujet (et être totalement nul et l’assumer sur les sujets qui ne m’intéressent pas). Ma théorie des 2% : je suis dans les 2% des QI les plus élevé, je dois pouvoir être dans les 2% d’à peu près n’importe quel sujet « intellectuel ». Ça fait rire mes amis d’ailleurs… qui parfois me lance des micro-défis… et moi je cours…

.L’OUTIL OU LA PRATIQUE BIEN-ÊTRE QUI M’AIDE LE PLUS

Pas grand-chose. Arrêter de penser ou de ressentir sans doute. Je devrais tester le caisson d’isolation sensorielle. Ecouter de la musique aussi, comme isolation du monde. Je sais que le silence me fait du bien, mais je me pose rarement.  Donc je m’isole mentalement, dans le jeu vidéo, la musique, une activité prenante… Pour ne pas divaguer/dériver, il faut ramer…

.UNE REPRÉSENTATION QUE JE VEUX BATTRE EN BRÈCHE 

Que la douance est une souffrance. Des doués souffrent. Souffrent-ils plus que les autres ? Je ne le pense pas. J’ai parfois l’impression que c’est un moyen de s’excuser ou de donner le change pour être accepté : “On est intelligent, mais c’est dur… ne nous enviez/détestez pas”.

.CE QUE JE VEUX DIRE AUX SURDOUÉ·ES  

Ce n’est pas parce qu’on est très intelligent qu’on est moins con que les autres, si on ne fait pas attention, on l’est parfois beaucoup plus… Et arrêter de penser que notre intelligence nous donne des prérogatives… au mieux, elle nous donne des devoirs.

.CE QUE JE VEUX DIRE AUX PERSONNES NON CONCERNÉES 

Arrêter de nous expliquer que ça ne veut rien dire et qu’il y a 50 formes d’intelligence… donc la vôtre. L’intelligence est un talent parmi d’autre. Personne ne les brise à quelqu’un qui court le 100 mètres en 10 secondes… merci d’avoir la même attitude quand on parle de douance. Cherchez votre propre talent et laissez-nous exprimer le nôtre.

.CE QUE JE RECOMMANDE À UNE PERSONNE QUI S’INTERROGE 

De se poser quelques questions avant… Est-ce que le savoir va changer votre vie ? Seriez-vous déçu si vous ne l’étiez pas ? Et de passer le test plutôt que de se faire « barnumer » en permanence par des gens qui cherche à vendre du papier… (cf. Effet Barnum).

Et arrêter de penser que si son enfant a des problèmes à l’école, c’est parce qu’il est trop intelligent… les stats disent que le problème a plutôt 98% de chance d’être ailleurs.

.L’ERREUR À NE PAS COMMETTRE POUR UN·E SURDOUÉ·E

Arrêter d’écouter les autres et de penser qu’être intelligent “suffit”.

.MON CONSEIL DOUANCE (VIE) PROFESSIONNELLE 

Le garder pour soi (alors que je viens de faire le contraire) sauf si vous pensez « maitriser » le contexte de votre coming out. J’entends beaucoup de surdoués qui changent 20 fois de boites… je suis dans la mienne depuis avant mon test… certes, j’ai changé 10 fois de fonction et j’ai eu beaucoup de jobs que j’avais « inventé » moi-même. Le truc c’est de trouver des chefs qui vous méritent et vous comprennent… et j’ai eu cette chance. C’est vrai que je m’ennuis vite… mais (encore la théorie des 2%), quand je me mets sur un sujet, je suis assez rapidement aussi bon voire meilleur que les gens dont c’est le boulot… alors j’essaie de les aider « gentiment » en m’incrustant… je vois mon job comme la contribution totale que j’apporte à mon entreprise, pas seulement ce qu’il y’a dans la « job description ». J’ai de la chance que ma chef soit d’accord ou laisse faire.

.MON CONSEIL DOUANCE (VIE) PERSONNELLE

Trouver quelqu’un qui vous supporte, vous stimule et qui ne vous ennuie pas. Plus facile à dire qu’à faire… mais là aussi j’ai eu de la chance, bien que je ne croie pas que ma compagne soit surdouée (et elle s’en fout), elle est une source d’inspiration, de calme et d’émerveillement permanent (et elle m’envoie balader quand je me la joue « surdoué », ce qui a le bénéfice de me ramener sur terre). Je sais que je ne suis pas facile tous les jours…

.UN LIVRE À LIRE SUR LE SUJET

Rien qui ne m’ait vraiment marqué (et j’en ai lu pas mal). Beaucoup de vendeurs de problèmes et de solutions, donc je vais parler de celui que je n’ai pas lu, mais que je vais sans doute acheter : “Psychologie du Haut Potentiel” de Nicolas Gauvrit et Nathalie Clobert.

Et sinon, une série de 8 vidéos sur l’intelligence de Frank Ramus. Qui parle d’intelligence, pas de douance, mais qui pour moi met bien des choses à leur place.

.MON AVIS SUR LE TEST DE QI WAIS

C’est un instrument qui donne un résultat calibré. Point.

.EST CE UN GÂCHIS DE NE PAS SE SAVOIR SURDOUÉ·E ? 

Ce qui compte c’est d’être bien dans ses baskets. Le fait de se savoir surdoué ou pas, dans l’absolu, ne change rien à ce qu’on peut faire de sa vie si on l’est ou pas.

.QUAND JE CROISE UN·E AUTRE SURDOUÉ·E, JE LE RECONNAIS ? A QUOI ? 

Non. J’ai eu l’expérience récemment, j’ai passé 15 jours de formation avec quelqu’un dont je me suis aperçu qu’il était sur un groupe LinkedIn de Mensa où je suis aussi. Je crois que je ne le vois pas, car je m’en moque.

.QU’EST CE QUI RASSEMBLE LES SURDOUÉ·E·S ?

Pas grand-chose, il y autant de différences entre chaque surdoué qu’entre chaque être humain. Je pense que ces différences sont plus grandes que les quelques similitudes cognitives que nous avons.

.LES ÉTAPES CRUCIALES À NE PAS RATER DANS LE « PARCOURS DOUANCE » D’UN·E SURDOUÉ·E?

Dans l’absolu, le moment le plus critique c’est l’enfance et l’adolescence… quand on fait tout en 15% du temps que mettent les autres, soit on devient pénible en classe, soit on devient fainéant (pourquoi bosser quand je suis déjà devant les autres en ne faisant rien… jusqu’à temps que ce soit plus le cas et là ça surprend fort…). Je pense que mes parents avaient été « alerté » par une maitresse de maternelle, et que par la suite ils ont refusé que je saute des classes… peut-être si je l’avais fait, j’aurai moins glandé car on m‘aurait plus « nourri »… mais ça aurait pu aussi mal se passer… d’un autre côté, m’ennuyer m’a permis de développer mon imagination, mon autonomie et ma créativité. Et j’en suis plutôt content que d’être devenu un chien (encore plus) savant.

Mais cela me rappelle aussi un camarade de Terminale. J’avais tout le temps de bonnes notes, et lui, si mes souvenirs sont bons, galérait pas mal. 10 ans après je le retrouvais à ma première réunion MENSA… chacun son parcours.

NB de Gloria : ne pas juger à la réussite (ni à l’échec) scolaire, le fait d’être surdoué·e ou non. C’est comme si on jugeait un·e surdoué·e à sa carrière professionnelle (cela peut être un indicateur, mais non un critère exclusif dans le sens d’excluant). Avoir un haut potentiel et différent de l’avoir (ou avoir pu l’) exploiter. 

.UN SOUHAIT POUR L’AVENIR

Qu’au lieu d’une éducation standardisée, chaque enfant soit traité comme un individu, et qu’en particulier ceux qui sont plus doués que les autres soient incités à aider et comprendre ceux qui le sont moins… ça ferait du bien au 2 plutôt que les garder dans des ghettos séparés.

.LA QUESTION QUI MANQUE, À LAQUELLE J’AURAIS AIMÉ RÉPONDRE SUR LE SUJET?

La douance, ça aide pour draguer ? Oui je crois, en revanche, ça limite le choix si on ne veut pas s’ennuyer très vite (sauf si on n’est pas là pour s’attarder).

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Comprendre le HPI

Ces vidéos s’adressent aux surdoué·es, ceux qui le savent ou ceux qui ne le savent pas encore. J’apporte ma pierre à l’édifice sur ce sujet, encore trop « secret » à mon goût, surtout au vu de l’impact qu’il a sur la vie des personnes qui découvrent leur fonctionnement.

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Bilan Holistique gratuit

Le bilan couvre les thématiques suivantes: le travail, le soin du corps, du coeur et du mental, la conscience et la spiritualité, l’environnement et le bien-être fondamental.