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Interview croisée de 21 adultes surdoué(e)s, de l’expert du Haut Potentiel Intellectuel à celui qui découvre son fonctionnement différent. À quoi reconnaît-on le HPI ? Quels conseils professionnels et personnels pour bien vivre sa douance ? Plonge dans une multitude de regards constructifs sur la neurodiversité entre la France et les USA.

Gloria Jensen : Une intuition sur le sujet de la douance?
Emma-Claire Fierce : On peut avoir confirmation plus tard dans la vie mais en réalité, elle est visible très très tôt, et l’ignorer c’est perdre du temps, mais aussi de la force de vie. Le seul résultat, c’est une bombe à retardement.

Gloria Jensen : Qu’est être surdoué pour toi ?

John Thompson : Pour moi, la douance est une manifestation unique et extraordinaire de l’intelligence avec un désir inébranlable de changer positivement le monde d’une manière ou d’une autre.

Gloria Jensen : Qu’est ce qui est le plus difficile concernant la douance ?

Nicole Tetreault : Je pense qu’il peut y avoir un problème lorsque nous nous identifions trop aux étiquettes et aux rôles que nous pensons être. Lorsque nous nous appuyons trop sur une étiquette pour nous décrire, nous pouvons commencer à minimiser qui nous sommes et à nous enfermer dans des rôles qui peuvent interférer avec notre développement personnel.

Gloria Jensen : L’erreur à ne pas commettre pour un surdoué ?

Gaétan Lecire : Le hurler sur tous les toits auprès des neurotypiques « je suis un zèbre, prenez soin de mon atypie !! ». Je pense qu’il faut se forger une belle place d’acteur et non pas se présenter comme « victime » de son atypie et ses effets.

Gloria Jensen : que veux-tu dire aux surdoués ?

Isabelle Pangault : Le HPI est un mode de fonctionnement cérébral. Il ne détermine pas qui vous êtes et ce que vous pouvez faire. Vous êtes avant tout le résultat d’une histoire, d’une culture, de joies et de blessures. Vous avez le choix de qui vous voulez être.

Gloria Jensen : Qu’est ce qu’être surdoué ?

Matthieu Play : Pour moi, être surdoué, ce n’est pas avoir raison ni détenir la vérité, c’est être un « détecteur de dissonances ».
C’est ressentir profondément quand « ça sonne faux ».

Gloria Jensen : qu’est ce qu’être surdouée pour toi ?

Camille Cocaud : Les cerveaux humains sont comme des chaises IKEA. Tout le monde reçoit le même plan de montage, sauf 2% des gens. Ces derniers reçoivent un plan différent, qui rend leur chaise plus performante.

Gloria Jensen : Quelles sont les étapes incontournables lorsqu’on découvre son (très) haut potentiel intellectuel ?

Thomas Fayon : La détection, la compréhension, l’utilisation de son (T)HPI.

Gloria Jensen : Que faire quand on s’ennuie vite quand on est HPI ?

Tamara Laszlo : Ne pas se juger lorsqu’on veut déjà passer à autre chose, mais chercher soit à aller en profondeur (dans une autre dimension, qui redonne de la profondeur : ralentir, ressentir, par exemple) ; soit s’autoriser pleinement à changer de direction, et être en paix avec l’abandon de ce qui avait été commencé.

Gloria Jensen : Quelles sont les difficultés rencontrées autour du HPI ?
Michael Postma : Une mauvais identificatio, une mauvaise compréhension, un manque de ressources, un manque d’accès à l’éducation et, comme je l’ai dit plus tôt, la tentative de banaliser la nature intense de la douance.

Gloria Jensen : Qu’est ce qu’être surdoué ?

Karina Degrez : En fait, La douance ne me définit pas.  

Je n’associe pas la douance (mon THPI) à ce que je « SUIS » mais plutôt à la façon dont je « RESSENS » (un fonctionnement sensoriel) et dont je « PENSE » (un fonctionnement cognitif).

Elle fait partie de moi. C’est pour cette raison que je préfère dire JE VIS AVEC la douance.

Gloria Jensen : Par quelles phases es-tu passé depuis la découverte du HPI?

Jean-Philippe Lecreux : Après avoir lu ce livre [sur la douance], j’ai ressenti de la certitude, puis du doute, car je me trouvais moins doué que la moyenne, tant j’avais construit une image erronée et négative de moi-même. Le terme « surdoué » est si pesant qu’il est difficile à accepter, surtout quand tu doutes de toi (…).

Gloria Jensen : Qu’aimerais-tu mettre en lumière sur le Haut Potentiel Intellectuel ?

Elodie Crépel : Le fait que la douance ne soit pas un sujet de psychologie, mais un sujet social et anthropologique avant tout. C’est parce il y a une norme donnée qu’on se questionne sur les neuroatypies. C’est par ce qu’il y a une manière d’être/ de ne pas être et de faire / de ne pas faire, que le sujet existe. Finalement, plus où s’ouvre à la différence, moins ça semble différent (ou en tout cas plus qu’une autre différence, comme la taille, le poids, la couleur de peau, etc).

Gloria Jensen : Une inspiration de l’étranger à partager sur le Haut Potentiel Intellectuel?

L’Australie et d’autres nations exigent que l’éducation des surdoués soit dispensée au niveau national. Je pense que les États-Unis doivent faire de même. Je pense que l’éducation devrait être axée sur le développement créatif, mental et émotionnel de chaque individu et qu’à ce titre, elle ne devrait pas être liée à l’âge mais plutôt à l’aptitude.

Gloria Jensen : Par quelles phases êtes-vous passées depuis la découverte du Haut Potentiel Intellectuel?

Lionel Lesguer : « je me posais beaucoup de questions : pourquoi ceci ? Pourquoi cela ? Pourquoi ? Finalement, avec le bilan, j’ai compris les sources des pourquoi ? Donc des questionnements n’avaient plus d’être, de tourner en boucle dans ma tête. Les applications « pourquoi ? » ne tournaient plus en arrière plan dans mon cerveau. »

Gloria Jensen : La remarque qui t’as le plus scotché en lien avec le Haut Potentiel?

Virginie Recoura : En réalité, il y a quelque-chose d’incroyable qui se passe depuis ma découverte. Les choses se font naturellement. Je me sens enfin alignée. Et lorsque j’évoque le sujet avec des proches, ils me disent, et bien oui, on le savait que tu étais HPI. Ça se voit… tu réussis à faire beaucoup de chose dans des domaines complexes et qui n’ont rien à voir les uns avec les autres. J’ai donc été étonnée de voir à quel point les personnes de mon entourage pouvaient percevoir quelque-chose d’exceptionnel dans mon quotidien qui me paraissait tout à fait normal…

Gloria Jensen : Qu’aimerais-tu souligner sur le Haut Potentiel?

Il est important d’être à l’affût de tous les types de dons et de veiller à développer toutes sortes de talents. Je dirais que deux des personnes les plus douées que je connaisse sont des mécaniciens qui vivent dans leur propre atelier. Ils ont tous deux un QI hors normes, mais ils sont sous-estimés et ont été mal servis par un système défaillant dans leur enfance. Ces deux hommes sont plus à l’aise avec les moteurs qu’avec les autres personnes. Ils se réveillent littéralement chaque jour en lisant des documents primaires dans leurs domaines d’intérêt. Je plaisante en disant qu’ils mangent des documents primaires au petit déjeuner. Ces types de dons sont souvent sous-développés et sous-célébrés. Il faut que cela change.

Gloria Jensen : Comment l’expliques-tu à quelqu’un qui n’en a jamais entendu parlé?

« Gifted » (“un don ou cadeau” en anglais) est le pire choix de mot qui soit ! Ce n’est pas un cadeau que l’on déballe et que l’on garde précieusement. Ce n’est pas une taille unique que l’on peut comprendre simplement à partir du mot. Il s’agit plutôt d’un câblage unique du cerveau qui doit être nourri, soutenu et exploré pour chaque individu. Il a un impact sur les relations sociales, les fonctions cognitives et les sensibilités physiques. Il persiste tout au long de la vie, avec des forces et des défis qui émergent en cours de route.